La première course du Championnat BMW M1 Procar fut une incontestable réussite !

Plongez-vous dans le récit captivant de la première course de la Série Procar, où les nouvelles BMW M1 ont brillé en lever de rideau du Grand Prix de Belgique. Découvrez comment des pilotes de légende comme Andretti, Lauda et Regazzoni ont affronté une course pleine de rebondissements, d’accidents spectaculaires et de performances inattendues. Revivez chaque moment palpitant et préparez-vous pour le prochain rendez-vous à Monaco, dans ce numéro d’AUTOhebdo n°164 du 17 mai 1979. Une lecture incontournable pour tout passionné de sport automobile!

Pari gagné Jochen Neerpasch a gagné son pari. La première course de la Série Procar ouverte aux nouvelles BMW M1 disputée en lever de rideau du Grand Prix de Belgique, fut une incontestable réussite. Une vingtaine de voitures étaient présentes, et le plateau ainsi réuni ne manquait pas d'allure. Alors qu'on craignait un relatif boycott des top-teams de Formule 1, pas moins de huit pilotes participant au Grand Prix se retrouvaient en Procar : Laffite, Andretti, Regazzoni et Piquet sur les voitures d'usine, Lauda, Giacomelli, Stuck et de Angelis sur des M1 privées. La course fut très disputée, Regazzoni menant dans les premiers tours avant de céder, comme tous ses collègues de F1 l'avaient fait avant lui, au remuant duo Hoetinger-Stuck. Ces deux pilotes renoncèrent à la suite d'un spectaculaire accrochage, et la victoire revenait finalement à Elio de Angelis, auteur d'une superbe remontée. Une hécatombe mécanique avait éliminé Laffite, Andretti et Lauda notamment, et sept voitures seulement rejoignirent l'arrivée. Vingt BMW M1 de 470 chevaux au coude à coude, c'est un spectacle qui ne laisse pas indifférent. Une Coupe R8 Gordini des riches ? Peut-être, mais quel show ! Rendez-vous dans huit jours à Monaco: le premier passage dans le goulet de Sainte-Dévote vaudra, à lui seul, le déplacement... BMW Motorsport a créé la série Procar afin de promouvoir son nouveau modèle, le coupé M1 à moteur central, avant même qu'il ne soit homologué en groupe 4. Le programme M1 a pris beaucoup de retard, et la Procar permet donc à BMW de lancer cette nouvelle voiture sur les circuits le plus tôt possible, en support de son action commerciale. Huit épreuves en ouverture de huit Grands Prix européens, opposant des pilotes privés aux champions de la F1: une idée géniale, sans aucun doute, mais qui a dû coûter une petite fortune à la firme bavaroise. La fin justifie les moyens... Feu vert On attendait avec impatience la première course, disputée à Zolder la veille du Grand Prix de Belgique, pour savoir si les pilotes de Formule 1 accepteraient de jouer le jeu de la Procar. Finalement, à l'exception de Ferrari et Renault (concurrents directs de BMW), tous les teams de F1 ont donné le feu vert à leurs pilotes. En principe, les 5 meilleurs temps de la séance de vendredi sont invités à disputer la Pro-car: Villeneuve et Jabouille mis à part pour les raisons que l'on sait, on retrouvait Jacques Laffite, Mario Andretti, Clay Regazzoni, Nelson Piquet et Niki Lauda au volant des BMW M1. En fait, on apprenait, vendredi, que Lauda allait disputer l'ensemble de la série sur la M1 du Project Four Racing (Ron Dennis) avec le soutien de Marlboro. D'autre part, Stuck (Cassani Racing) et Giacomelli (BMW Italia) seront également présents à chaque course. Une douzaine d'autres concurrents, et non des moindres, se sont laissés tenter. Toine Hezemans, le vétérant hollandais, pilote sa propre voiture aux couleurs F & S avec la ferme intention de rafler un maximum de dollars. On sait en effet que chaque tour parcouru par un pilote prive devant une vedette vaut 50 dollars. Multipliez cette somme par 100 (20 tours de course et 5 pilotes de F1) et vous obtiendrez un joli résultat. Dieter Quester, soutenu par son sponser habituel « Gösser Beer », dispose de la M1 du TWR (Tom Walkinshaw Racing) qui
sera sans doute confiée à Derek Bell pour certaines courses. Markus Hottinger et Helmut Kelleners sont associés au sein du GS Tuning Team Marko, tandis que Walter Brun et Franz Konrad sont les pilotes des BMW M1 du préparateur Suisse Eggenberger. Meidegger est responsable de la M1 engagée par BMW Suisse qui, en l'absence de Marc Surer retenu en F2 à Vallelunga, est confiée à Markus Hotz. Les M1 Osella de BMW Italia sont pilotées par Bruno Giacomelli et Elio de Angelis, ce dernier remplaçant Eddie Cheever également retenu à Vallelunga, le week-end dernier. Une équipe française est aussi de la partie, le MRS de Pierre Maublanc, qui aligne une M1 aux couleurs Arvor confiée à Jean-Louis Lafosse. Wolfgang Schuetz, Albrech Krebs et Sepp Manhalter complètent ce plateau, intéressant à plus d'un titre, qui devrait encore s'étoffer dans les courses à venir. Un certain déséquilibre des forces Pour cette première épreuve, un certain déséquilibre des forces est apparu ; cer-tes, il s'agissait d'une épreuve de rodage, et la plupart des concurrents n'avaient jamais pu essayer leurs voitures, à l'exception d'une rapide prise en main sur le « Start und Ziel » du Nürburgring mercredi passé. Hottinger, Giacomelli et Surer, qui ont participé au développement du modèle M1 groupe 4, sont quelque peu avantagés. Le fait que l'unique séance d'essais se soit déroulée sous la pluie vendredi n'arrange évidemment rien, surtout pour les pilotes de F1 qui découvraient la M1 à cette occasion. Hottinger et Stuck se montraient les plus rapides devant Giacomelli, Lauda (qui avait déjà essayé son auto a Silverstone), Hezemans et Quester. Piquet s'avérait le plus vite des « vedettes », mais les temps officiels des pilotes de Grand Prix ne furent jamais communiqués, ceux-ci héritant d'office des premières lignes de la grille de départ. Noblesse oblige… Les pilotes se plaignaient en général d'un manque de temps pour mettre les voitures au point, surtout les pilotes de F1 car les mécaniciens de l'usine ne semblaient pas trop tenir compte de leurs conseils... « Ce sont des voitures puissantes mais plutôt lourdes. Il y a trop de chevaux pour un pareil châssis, précisait Andretti. La M1 dont je disposais était très vicieuse sur le mouillé. » Stock-car ou Procar ? Le départ était donné sur une piste sèche samedi après-midi à l'issue de quelques
derniers tours de chauffe. La voiture de Nelson Piquet manquait à l'appel (surchauffe) sur la grille, tout comme celle de Konrad. Regazzoni prenait le départ devant Lauda, Andretti, Laffite et Hottinger. Manhalter, Brun et Hotz s'accrochaient dès le premier tour, seul le premier nommé parvenant à reprendre la piste. Au troisième tour, Rega menait toujours devant Hottinger et Stuck qui avaient réussi à passer Andretti, Lauda et Laffite. Giacomelli, Hezemans et De Angelis s'intercalaient entre les pilotes de F1 au tour suivant, ce qui donnait lieu à quelques manœuvres spectaculaires au freinage. Au 5e tour, Hottinger et Stuck s'installaient en tête et creusaient d'emblée un petit écart. Giacomelli accédait à la 3° place à 3"5 des leaders devant Regazzoni, Lauda, Andretti et Hezemans. Lauda regagnait son stand un peu plus tard avec une fuite d'huile, tandis que Laffite (suspension endommagée à la suite d'un passage sur les débris du crash du premier tour) et Andretti (moteur cassé) renonçaient à leur tour, juste après la mi-course. Giacomelli abandonnait également, moteur surchauffé. Si Hottinger et Stuck comptaient 9" d'avance sur Rega après l'abandon de Giaco, ils disparaissaient des lap-charts au tour suivant : Stuck avait tenté de faire l'extérieur à Hottinger, mais l'Autrichien n'hésita pas à écarter l'Allemand en donnant un coup de volant vers l'extérieur. « Je lui ai rendu coup pour coup, racontera Stuck en riant, et nous nous sommes rentrés dedans... définitivement ! » Regazzoni prenait donc la tête, mais pas pour longtemps car sa M1 sous-virait de plus en plus et de Angelis revenait dans son sillage avant de le passer irrésistiblement au freinage. Hezemans passait Rega deux tours plus tard, plaçant ainsi sa voiture dans le sillage de celle d'Elio. A quatre tours de l'arrivée, Regazzoni comptait 3"2 de retard, Kellemers était pointé en 4e position à 29" devant Quester (auteur de deux têtes-à-queue), Schutz et Lafosse. De Angelis lachait Hezemans dans les derniers tours, remportant une victoire aussi méritée qu'inattendue. Toine Hezsmans terminait donc 2e devant Regazzoni, Kelleners, Quester, Lafosse et Manhalter, Schutz étant sorti de la route en vue de l'arrivée. Sixième pour ce premier contact, Jean-Louis Lafosse n'était pas mécontent : « Je n'avais jamais piloté la voiture auparavant, précisait-il, et elle tenait mal la route, tout en étant très instable au freinage. » Le pari de Jochen Neerpasch semble avoir réussi, car Andretti Regazzoni et Laffite ont déclaré qu'ils étaient prêts à recommencer lors des épreuves à venir. Les voitures sont censées être identiques, et le comité Procar va y veiller dans les prochaines courses en appliquant un contrôle technique très strict. La préparation de la M1 Procar répond aux normes du groupe 4, mais des réglages de base vont être imposé pour toutes les voitures afin d'empêcher une course à l'armement, notamment en ce qui concerne les ressorts et les modifications aux ailerons arrière. Certains petits malins (Hezemans ?) avaient déjà modifié leurs voitures à Zolder, ce qui est à l'encontre de l'esprit de la série. Prochaine manche de la Procar dans les rues de Monte-Carlo : voilà qui promet...